« Ma Tante » : présentation et actualités
Faisons un tour chez « ma tante »…
Le Crédit Municipal de Paris (CMP) œuvre, depuis 1637, dans le prêt sur gage. Le principe était, alors, déjà très simple : le débiteur déposait un objet et obtenait, en échange, de l’argent à hauteur de 50 à 70 % de sa valeur. Connu, aujourd’hui encore, sous l’expression « Ma tante », l’établissement doit cette appellation au Prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe 1er (1773 -1850), qui, en joueur incorrigible, avait mis sa montre en gage et avait expliqué sa disparition à sa mère, en invoquant un oubli « chez sa tante ».
Actuellement situé au 55 rue des Francs-Bourgeois à Paris, le Crédit Municipal de Paris dispose de plusieurs succursales dans les arrondissements de la capitale. Il accorde – toujours et immédiatement – des prêts en fonction de la valeur de l’objet, estimée par un commissaire-priseur indépendant, sous réserve que le montant dépasse 30 €. Une fois le crédit accepté, un contrat est réalisé pour une durée d’un an, en échange de la remise de l’argent. A partir de là, le débiteur est susceptible de récupérer l’objet en gage, à tout moment, dans la mesure où il s’acquitte du montant du prêt et des intérêts associés. En moyenne, le coût du crédit varie entre 9 et 15 % (frais compris) et cela, sans limitation de durée de remboursement. Au final, 93 % des objets déposés reviennent chez leur propriétaire. A défaut, l’objet est vendu aux enchères pour éponger la dette. En cas de solde négatif, le client n’est pas tenu de payer la différence, mais, dans le cas d’un solde positif, le Crédit Municipal de Paris lui verse la différence, frais de vente déduits.
Parallèlement à cette activité historique de prêt sur gage, « ma tante » exerce en tant que banque municipale, avec des solutions pour financer les projets et racheter les crédits.
« Ma tante » est en trop bonne santé !
« Grâce » à la crise économique, le CMP note une augmentation significative du nombre de ses clients quotidiens, passant de 400, avant la crise, à 550 au premier trimestre 2012. De même, les dépôts se sont accrus de 73 % en valeur et de 37 % en nombre. Si cette hausse n’est pas nouvelle, elle témoigne d’une aggravation de la situation actuelle : entre 2007 et 2010, le montant des crédits distribués est passé de 30 à 50 millions d’euros. En 2011, ce chiffre a augmenté de 53 % pour atteindre 76 millions d’euros.
Aujourd’hui, « ma tante » compte plus d’un million d’objets, mis en gage, soit une valeur estimée à 215 millions d’euros. Même s’il s’agit majoritairement de bijoux (90 %), elle détient, également, de l’argenterie, des tableaux, des timbres, des instruments de musiques, des fourrures, etc. La variété des objets suit, traditionnellement, les tendances du moment : en 2008, il s’agissait plutôt de vins, l’année suivante de vêtements vintage, pour laisser la place, ensuite, à la photographie d’art et, tout récemment, aux bandes dessinées de collection.
La bonne santé de « ma tante » témoigne de la difficulté d’accès au crédit traditionnel : les exclus du système bancaire se tournent, alors, vers cette alternative. Mais, si « la France compte de plus en plus de personnes pauvres et précaires […] ce n’est pas nécessairement la crise pour tout le monde » explique le CMP, comme le suggère, effectivement, la forte affluence à ses ventes aux enchères…