2013 : la fin du crédit renouvelable ?
Plus d’un an et demi après la mise en place de la loi Lagarde sur le crédit renouvelable, Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances, a confirmé sa volonté de la remanier pour 2013, dans le cadre de la réforme bancaire. Il espère ainsi pallier les manquements du dispositif, et par la même occasion limiter l’utilisation du crédit revolving.
Zoom sur l’avenir proche et incertain du crédit renouvelable.
Loi Lagarde et « revolving »
Le gouvernement socialiste demandait sa suppression, mais il semblerait que la loi Lagarde fasse de la résistance. A défaut d’être rayée de la carte, celle-ci se verra réaménagée dans un souci d’efficacité. Pourtant, la loi Lagarde avait déjà durci les conditions d’obtention de ces fameux crédits.
Cette catégorie de prêt s’apparente à un stock d’argent que le consommateur peut tirer à tout moment, qui se renouvelle partiellement au fil des remboursements, mais dont les taux d’intérêts sont élevés. C’est ce qu’on appelait autrefois le « crédit permanent » ou maintenant le « crédit revolving ». La somme dont le consommateur dispose est fixée en fonction de ses capacités de remboursement et de ses besoins. Aujourd’hui, le crédit renouvelable est accusé d’être le principal moteur du surendettement en France. Selon une enquête de la Banque de France, 83% des dossiers de surendettement présenteraient ce type de crédit !
La loi Lagarde visait donc à responsabiliser le consommateur en lui fournissant une meilleure information sur les caractéristiques du crédit en question. De même, elle exigeait des créanciers une transparence plus grande, et imposait aux établissements de crédit de proposer des prêts simples. Mais, malgré tous ces efforts, ces barrières restent insuffisantes pour le gouvernement, qui exige un remaniement du dispositif.
Vers une réforme du dispositif
Accusé depuis trop longtemps de favoriser le surendettement des ménages les plus modestes, le crédit revolving a apparemment besoin d’être recadré. C’est du moins ce que prêche le Sénat depuis des mois, prodiguant un renforcement de la loi Lagarde de 2011.
Pierre Moscovici déclare ainsi : « Une partie de la réforme sera tournée vers le consommateur. Nous voulons agir pour redéfinir les frais bancaires, pour juguler ou limiter le crédit revolving ». Pour ce faire, il évoque la possibilité de découpler les cartes de fidélité des crédits renouvelables des grands magasins qui y sont souvent adossés. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, annonce quant à lui qu’une série de mesures serait proposée début 2013, dans le but de renforcer les droits des consommateurs et d’encadrer de manière plus stricte les crédits renouvelables. Rien de très concret pour le moment donc.
A noter tout de même que depuis l’apparition de la loi Lagarde, les crédits revolving ont connu seize trimestres consécutifs de baisse. De même, la part de production de crédits aux ménages diminue fortement : elle est passée de 41% fin 2009 à 34% fin 2012.
Dans ce contexte de crise, le remaniement de la loi Lagarde souhaité par le gouvernement pourrait bien provoquer la disparition pure et simple du crédit renouvelable.